Nous arrivons au parc Lanin par la partie nord: « El lago Quillen ». Cette entrée du parc est gratuite. Le camping y est libre et on peut y faire du feu. Il n'y a que quelques pêcheurs qui nous accompagnent. C'est extrêmement paisible et les rives montagneuses du lac sont très belles. Nous découvrons une nouvelle végétation humide avec des roseaux très présents. Le garde parc nous rend visite le soir en arrivant par bateau. Il vient se présenter et nous donne les recommandations d'usage: éteindre le feu une fois que l'on se couche; relever ses ordures; garder les lieux propres et il nous informe sur les sentiers de randonnées. On est scotché sur les magnifiques oiseaux se posant à une dizaine de mètres de nous.
Nous pensons que nous serions bien avisés en France de prendre exemple sur les argentins en matière de protection de l'environnement. Comment imaginer un parc national, chez nous, dans lequel on puisse faire du feu, camper librement, faire de la randonnée avec un personnel présent et efficace, le tout gratuitement? On nous répondra qu'il faut avant tout préserver la nature en interdisant les accès pour éviter les dégradations. Mais les parcs ne sont-il pas les lieux les plus appropriés pour faire de l'environnement une priorité éducative? Quand il y a un personnel compétent pour faire de la prévention, se présenter amicalement et rappeler les règles de vie en milieux naturels c'est d'innombrables familles que l'on éduque à la protection des sites. Profiter des parcs, comme le font les argentins, pour proposer des « senderos interpretativos » (sentiers éducatifs), pour renseigner sur la faune, la flore mais aussi sur sa fragilité, on oeuvre à mon avis bien davantage à la protection de l'environnement qu'en interdisant les accès.
Nous poursuivons la visite du parc par le lac Huechulafquen. Cette entrée est payante et nous hésitons mais nous savons qu'il y a des communautés mapuche qui y sont installées et qu'il y a une école. Nous aimerions prendre contact avec elle pour éventuellement y intervenir. Nous nous laissons donc tentés.
Les communautés Mapuche installées sur le parc Lanin participent à sa gestion. Elles profitent également du tourisme en proposant des « lanchas » (balades en barques), des cabalgatas (balades à cheval), quelques boutiques de restauration et surtout des campings « agrestes » dont elles tirent quelques subsides. On trouve aussi des campings organisés qui se différencient des derniers essentiellement par la présence de toilettes et de douches avec eau chaude. J'aurais adoré m'introduire dans une famille mapuche pour leur poser 10 000 questions mais l'occasion ne s'est pas présentée. Le dernier jour, en cherchant un paysan pour une balade à cheval pour les enfants, nous avons retrouvé la professeur de mapuche de l'école. Elle nous a chaleureusement invitée chez elle mais il était trop tard pour nous. Dommage!
Contrairement au lac Quillen, le lac huechulafquen (bonjour le nom!) est beaucoup plus touristique. Le volcan Lanin que l'on peut admirer facilement attire du monde pour des randonnées. Ce site offre davantage de possibilités car le lac est plus grand. On y pêche beaucoup. Ses eaux sont transparentes et c'est incroyable de voir le fond aussi facilement. On se croirait dans des lagons sauf qu'on est en pleine Patagonie et que les montagnes alentours sont encore enneigées.
Il y a des araucarias (ou « Pehuen » en mapuche) partout. Cet arbre est protégé et seul les Mapuches ont le droit de prélever son fruit. Il n'existe qu'en Argentine, au Chili, en Australie et dans les zones antarctiques. C'est un arbre préhistorique qui existait avant l'apparition des dinosaures.
Pour notre première nuit, nous choisissons un camping « organisé » afin de bénéficier d'une douche chaude mais pour le reste du séjour nous nous installons dans un camping agreste au bord d'un lac sur un site de toute beauté: le camping agreste Raquithue, vite rebaptisé « rat qui pue » ou « petit coin de paradis » au choix!
Nous y restons une dizaine de jours entre le jour où nous sommes arrivés et la fin de notre intervention dans l'école intercuturelle Paimun. Pendant ce séjour, nous rencontrons des argentins, professeurs du publique à la retraite qui nous apprennent encore une fois plein de choses sur leur pays. Nous faisons deux randonnées : une jusqu'à la base du volcan Lanin au cours de laquelle on s'amuse à ramasser des pierres volcaniques. Le volcan est magnifique et nous avons un super beau temps. Nous allons également voir la cascade au bout du parc. Elle n'est pas exceptionnelle mais nous passons un bon moment.
Les jours où nous ne sommes pas à l'école, nous en profitons pour visiter d'autres lacs. Nous allons voir les lacs Curruhué Chico et Grande encore plus au sud. Contrairement aux autres, ces lacs ne sont pas bien entretenus. Les « fogones » (ou barbecues) sont plein de charbons et nous sommes obligés de les vider. Des tôles jonchent le sol, il y a des toilettes mais ils sont fermés. N'empêche, il fait super beau, même très chaud et c'est un plaisir de se laver dans la rivière! Plus loin, nous traversons une forêt d'araucarias et un champ de lave noire. Comme on nous l'avait dit, on se croirait sur la Lune! Nous allons jusqu'au bout de la piste qui offre un passage vers le Chili mais nous sommes dégoutés par la présence d'un hôtel luxueux s'étant accaparé des thermes d'eaux chaudes. Pour y goûter, il faut payer plusieurs centaines de pesos ce qui est exorbitant pour nous et a fortiori pour la majorité des argentins. Nous apprenons plus tard qu'une concession du parc national a été attribué à cet hôtelier. On est bien déçu.
En dehors des balades, des visites de lacs et des ateliers d'arts plastiques dans l'école, nous nous laissons vivre en faisant des lessives, en travaillant l'école, en faisant le grand ménage de la voiture, en rencontrant un auto stoppeur français avec lequel nous dégustons de fameuses truites offertes par un pêcheur bien intentionné. Il a fait très beau pendant tout le séjour.
Le jour de notre départ, les filles font une petite balade à cheval. Elles en reviennent émerveillées et nous racontent avoir grimpé des montagnes très haut et traversé des rivières énormes en se faisant expliquer les fleurs et les arbres par le guide mapuche. La belle vie quoi!
Décembre 2009 : Parc Lanin |
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